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Koi Ki

 
Dans ce projet, je me propose d'explorer la frontière entre la perte de forme et l'abstraction du motif, comme principe créateur d'espace de lecture de l'indicible.
Ainsi le ki, la vibration du vivant, peut être esquissé par la vibration colorée et lumineuse du sujet. L'eau, symbole du magma de vie, où les êtres se meuvent avec leurs propres couleurs, leurs expressions personnelles de ce flux intérieur qu'est l’énergie de vie, devient le prisme d'une vision kaléidoscopique du vivant. Les kois, fleurs de tradition dans le jardin japonais, animaux à nos yeux, mélangent leurs couleurs sans préjugés, comme des êtres humains pourraient le faire avec un peu de sagesse. Parfois émerge un regard venant interpeller notre façon de regarder, venant nous révéler une présence sensible : voir et être vu.
Le mince fil de quelques millions d'années qui nous séparent dans l'évolution peut se rompre pour nous donner à ressentir cette proximité d'âme, ce partage de temps et d'espace qui nous relie à la nature, à ces autres êtres si différents et pourtant si proches. Oublier l'espace d'un instant nos préjugés, sortir de notre perspective anthropocentrique, pour s'ouvrir au principe du vivant au sens large. Le motif peut rester un prétexte et se répéter indéfiniment, comme Manet l'aurait fait, pour tenter de sentir les infimes variations de la lumière, alors que le sujet réel est cette prise de conscience intérieure. L’expérience artistique résolument perdue dans les stratégies postmodernes n'est pas l'objectif recherché, bien au contraire, c'est l’intégration sensible qui est suggérée, l’intériorité inconsciente qui se nourrit de couleurs et de formes pour créer son propre cheminement, libre des contraintes interprétatives. Mon approche est résolument classique au sens grec de la nécessité artistique comme moteur de notre évolution spirituelle et personnelle. Tout en intégrant la souplesse de la modernité dans la mise en forme, je cherche des espaces où l’âme peut se reconnaître, se nourrir. Dans mon projet de paysages oubliés, la couleur émergeait d'un support vide de sujet. Nous étions les créateurs d'un paysage qui n'existait pas. Nous étions invités à libérer notre imaginaire dans la matière brute du film photographique. Ici, le sujet est un oscillement entre le mouvement, la couleur et parfois le regard animal, où la perte de forme pictorialisante nous invite à la rêverie poétique.
Koi Ki à été présenté au Centre Simon Bolivar (Montréal)
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