Amours Perdus

La série Amours perdus est un jeux d'ironie entre l’esthétique de type gravure classique (manière noire), qui masque hypocritement le sujet réel, et notre facilité à occulter notre responsabilité envers le respect de la vie.

Cette série se présente comme de grandes gravures noires et blanches, illustrations de l'amour que nous portons à des êtres disparus. Elles nous donnent à voir un réel en opposition à notre discours sur le respect et l'amour des animaux. Les regards tendres et l'affection des caresses laissent la place à la chair et aux os de la mort. Notre mémoire, de façon opportune, s'efface lorsque vient le temps du repas. Temps d'oubli sournois où nous dévorons à pleines dents ces amours perdus, ces amours sacrifiés. Nous préférons détruire. sans regarder en face la réalité, la vérité, que ce soit ces êtres méritant le respect que nous réduisons en objet sans âme, ou la nature elle même que nous outrageons sans cesse pour nourrir notre ivresse de consommateur.

Notre choix est de perdre toutes ces possibilités affectives, cette joie de partager, en détournant notre regard pour faire semblant de ne rien savoir. Surtout ne pas prendre conscience de nos actes. Se mentir à soi-même, jusque dans notre façon insensible d'élever ces animaux que nous prétendons aimer : comme des objets sans droit de vie que nous détruisons dans un mode de production cruel. Ces images sont des images d'amour perdu. Amour de l'autre, mais également pour nous mêmes, dans un déni d'autrui qui ne peut aboutir que dans le déni de soi.

Cette série s'inspire naturellement du Bœuf écorché de Rembrandt, et de cette réflexion sur le memento mori, en choisissant ces pièces de viande comme des miroirs pour nous-mêmes, nous donnant à voir notre fragilité de bourreau.

Série présenté à la Galerie du Viaduc Montréal (Modern Art)